Le héros de ce monologue est un homme, potentiellement heureux.
Mais à l’aube de ces 46 ans, il nous dévoile avec sa propre humeur caustique ses angoisses inavouables de l’homme sensible, qui se sent en permanence à l’encontre du mouvement général. Son bilan sur ses rêves de jeunesse brisés, sur son érosion du couple, sur sa perte de dialogue avec ses enfants grandissants et sur ses tentatives ratées de « faire corps avec ses nouveaux amis », est touchant de sincérité.
L’homme sensé être fort, sûr de lui n’est plus ou plutôt n’a jamais été. Il « ne fait plus peur à personne ».
La sensation d’un grand vide qui l’envahi, provoquera en lui le fantasme de la disparition, l’envie de laisser derrière soi tout ce qui l’entoure. Un rêve impossible à réaliser. De nos jours, la faiblesse (égal : sensibilité) paye peu, voire rien. La réussite rime avec la chemise bleue ciel, un corps raide, des dents blanches figées dans un éternel, sourire crispé de l’homme parfait.
Que faire donc pour survivre à la déception, comment apprendre à dompter, l’apprivoiser, puisqu’elle jalonnera notre vie ?
Nous devrons peut être notre propre manière de nous sentir vivants.
Préserver précieusement le côté fragile et touchant, en acceptant nos propres défauts, nos faiblesses et nos contradictions.
Pour rester en vie, rester vrai.
Renata Gorka.
(photo: Harry Gruyaert)