La bâtisse délabrée, penchée sur une falaise quelque part au bout du monde, permet à ses locataires de vivre pleinement leur propre imposture.
Des êtres paumés, aux multiples blessures, aux secrets inavoués, vont former dans cet hôtel étrange la chose qui leur manque le plus : une famille.
Victor Philibert, « plus ou moins docteur, chirurgien amateur, sage-femme », va nous conter par les bribes de souvenirs cette « réalité transformée », sans rien banaliser où on essaie de « faire croire au monde qu’on est comme tout le monde ».
Soudainement comme sur les toiles d’Edward Hopper grâce à son réalisme narratif, tout prend vie, les destins se croisent, les vrais gens surgissent.
Comme dans nos souvenirs les plus intimes où tout ce que l’on voit est important, authentique et apparait immédiatement dans notre imagination, sans explication, sans logique et déjà en cours. Ici la multiplicité des situations donnera les pulsations de vie à ces êtres oubliés et apportera de l’importance à leurs chagrins partagés.
Sans trahir l’intime, sans toucher au voyeurisme, nous, les spectateurs, ferons partie de ce monde étrange et si proche à la fois, de nos propres souvenirs inavoués.
Faire semblant pour trouver l’authenticité, se transformer pour survivre. Essayer de voir la vraie vie qui apparaitra derrière ce décor morcelé, cette perspective trompeuse, ce spectacle qui offre la vie des êtres qui n’y sont plus.
Renata Gorka.
(photos: Edward Hopper)