« Coupables sont ceux qui fomentent les guerres. Ils font ressortir les pires instincts du cœur de l’homme. »
« La vertu ne paye pas, le vice seul rapporte. »
(Bertolt Brecht)
La guerre racontée ici par Bertolt Brecht est au présent et vue de l’intérieur où il n’y a ni foi ni loi, où il n’y aura pas d’actes héroïques, où on perd la confiance en l’humanité entière grâce aux gens du coin.
La mère courageuse d’une famille décomposée de trois bâtards va tirer son chariot bâché à travers cet enfer sur terre. Grâce à son pèlerinage commerçant nous allons découvrir toute la laideur de l’homme dans sa splendeur : le général qui se trompe de camp dans le brouillard, les pillages des villes animés de viols et de tortures ; le sergent qui va vendre sa dernière munition ; les soldats qui font semblant de se battre ; le prédicateur qui traduit la bible à sa guise ; le héros qui est récompensé pour avoir tué des paysans affamés ; la mère qui hésite à sauver son fils cadet (« trop cher ») et le perd suite à la mauvaise négociation et j’en passe…
Anna Fierling deviendra la mère courage suite à la disparition de ses trois enfants dans cette sale guerre.
Pour représenter visuellement le monde si contemporain de Bertolt Brecht, j’ai situé cette histoire à l’ambiance tendue de Beyrouth vu par Raymond Depardon en 1978. Là, « où tout le monde vendait, achetait, s’observait, se frôlait sans s’aimer. C’était absurde dans ce pays en guerre de penser que l’imprévu était maitrisable ». (Claudine Nougaret)
« Ma » Mère Courage se trouvera dans le monde sous-terrain d’une ville abandonnée, sans lumière du jour, dans une sorte de couloir de la mort, ou d’aquarium en béton armé, où les humains s’agitent inutilement comme des marionnettes. Leur seule échappatoire possible sera la mort. Quoi qu’ils fassent, leur destin tragique sera tout simplement inévitable et perdu d’avance. La sensation majeure du vide qui va entourer ces silhouettes isolées, perdues, incapables d’avancer, condamnées à tourner en rond.
Au bout de tout cela, semblables à deux chiens de garde errants, se trouvent les portes métalliques rouillées à enroulement, qui s’ouvriront lentement en grinçant, pour entrevoir encore pire de l’homme : séances de torture, tentatives de pendaison, immolation, etc…
“La guerre permet tout, la paix, non. »
Comprendre Bertolt Brecht c’est réaliser qu’il n’y pas de guerre juste et que nous pourrions tous être ses victimes.
Renata Gorka.
(photos: Raymond Depardon)